J'avais finis ma journée de travail.
Cela avait été long et péreilleux. J'avais eut plusieurs pensements à faire à des animaux blessés, ce qui signifiait donc des anethésies aux fléchettes, des monitoring histoire de surveiller le coeur, et tout le tintouin. J'avais donc bien besoin de me détendre, surtout quand on pense que j'ai passé la journée à croupie, et sans vraiment bouger. Ce qui résumait assez bien ma semaine d'ailleurs.
De plus, il avait fait maussade toute la semaine et je n'avais pas pris ma moto depuis deux jours. Du coup, j'avais décidé d'aller voler. De toute façon, j'avais besoin de me vider la tête. Avec Aedan, cela faisait une semaine. Une semaine que nous avions fait l'amour... Et une semaine que je ne l'avais pas revu. Non pas que le goujat n'ai pas pris le temps de me recontacter, au contraire. Mais pris qu'il était par son travail en début de semaine et moi avec le mien en fin de semaine, nous n'avions pas pu nous croiser.
Nous n'avions eut que quelques malheureux textos. Je ne savais quoi lui dire, alors j'avais fini par ne plus rien dire du tout. J'espérais que le revoir m'aiderait, que je trouverais les mots, ou qu'ils trouveraient les siens. En tous les cas, j'avais besoin de me vider l'esprit... Du coup, j'étais partie voler. Ce n'était pas vraiment une patrouille, étant donné que la montagne est quasi déserte. C'était bien plus une échappatoire. Je pouvais voler n'importe comment, sans me soucier que quelqu'un me voit. Avec ma taille hors du commun, c'était un luxe. Je volais donc tranquillement, m'amusant à virevolter dans tous les sens, à voler, puis piquer d'un coup, puis volet à nouveau, me défoulant de toute cette pression du quotidien, et évacuant le stress de l'histoire entre Aedan et moi. Bref en un mot : le me lâchais !
Et croyez-moi, ça fait du bien !

Ca peut paraître un peu idiot, de faire n'importe quoi comme cela. Après tout, je suis adulte. J'ai un travail, un appartement, une moto, et la responsabilité du clan. Je suis sérieuse, disciplinée, je suis ponctuelle et je tiens mes engagements.
Je suis modérée, je ne bois pas trop, ou rarement, je ne conduis jamais dans un état second, je ne dépense pas plus que je gagne, je ne prends pas de crédits à la consommation. Je n'écoute pas la musique trop fort, je me couche à des heures raisonnables et je ne mets pas délibérément les autres en danger.
En bref, ma vie est assez chiante...
Du coup, on peut comprendre que je fasse, parfois des choses spontanées. Et puis, je l'ai dit, cette histoire avec Aedan m'a stressé toute la semaine passée...
J'étais en train de faire un piquet lorsque je le ressentis. Ces derniers temps, il m'arrivait de moins en moins de percevoir des choses. Il faut dire que j'étais moins attentive à l'extérieur, plus centrée sur moi, sur ce que je peux ressentir, sur mon histoire avec Aedan, sur les choix que je fais... Bref, je suis en pleine réflexion psychologique... Mais bon, trève de bavardage, je disais que je sentis une présence.
En plein vol au dessus d'une montagne, vous me direz c'était plus que probable, mais il ne s'agissait pas de quelque chose d'abstrait, pas plus que d'un animal, ni vraiment d'un humain. En fait, c'était une présence familière. Je tournais la tête et je le vis. Je savais précisément où il se trouvait et je savais ce que j'allais voir avant que mes yeux ne se posent sur lui et pourtant je ne pus faire autrement. Il était tellement beau... D'une beauté naturelle, simple. Et il me souriait.
Ma première pensée fut de me demander pourquoi il m'avait suivi ou comment il l'avait fait. Puis je conclus que ce devait être là pur hasard, ou pur destin. Parce qu'après tout, quelles étaient les chances que nous nous croisions ici, sans nous être concertés, au même moment ? Cela voulait forcément dire quelque chose. Je voulais y croire du moins. Quand on donne du sens aux choses, elles paraissent moins insignifiantes...
J'eus un sourire, qui ne put se percevoir sous mon apparence animale, puis je me dirigeais vers lui et me posais juste à ses côtés. Cela me rappela nos débuts, lorsqu'il m'apprenait encore à voler, et à maîtriser cette nouvelle forme. Nous avions passé des après-midi entiers à cela. A présent, je savais tout ce qu'il y avait à savoir, mais son regard était toujours le même, empreint de tendresse et de confiance. Sans lui, je n'y serais probablement jamais arrivée...
Je poussais un petit cri et lui fit un clin d'oeil. Cette forme avait au moins l'avantage de me donner une raison de ne pas parler. Et puis, j'étais curieuse de voir ce qu'il dirait, lui, pour commencer...