Il fut un jour où ce fut calme, dehors. Le chaos quotidien semblait s'être tut un peu, comme un sursit de surprise, pour les habitants... Et ce jour de silence en fut béni. Car la première heure d'après-midi se gratifia d'intenses cris. Aigus, fondant dans la masse silencieuse avec lenteur, comme des cris d'agonie nouveaux. Nouveau, en effet. Mais son propre paradoxe. Ce fut la naissance d'Alison qui en était la source. Amber, sa génitrice, accouchait alors dans sa baignoire, aux côtés de John, dit, le géniteur...

Leur peur de l'extérieur était grande, excessivement grande. Aussi dévorante que leur courrier débordait d'une boite aux lettres rouge, marqué de leur patronyme. Nous ignorons pourquoi, nous pouvons juste les comprendre. Aussi, lors des premières années d'Alison, elle fut choyée comme toute autre enfant mais tout aussi prisonnière de sa chambre comme tout autre résultat de panique. Et cet isolement ne l'affecta guère, du moins, pas ses premières années.

A l'âge d'une décennie, elle se mit à questionner. Les manuels, les parents, les professeurs de son école, les enfants de sa classe, ... Une curieuse de la vie, une curieuse qui désirait comprendre une telle peur. Mais elle n'en eut la réponse qu'à ses douze ans. C'était un soir, lors du dîner. Le père, dit John, revint de s'être douché. Torse nu, la peau à vif, Alison vit. Une gigantesque cicatrice au niveau de sa gorge, ce qui amplifia ses sens de la connaissance. Son envie de savoir mit John en rage, lui infligeant sa première correction. Depuis, elle n'eut plus le même estime pour eux. Eux qui ne désiraient point l'aider à comprendre, ils préférèrent la laisser dans l'ignorance de ces races tant parlées.

Au fil des années, l'écriture prit place dans son quotidien. Un journal, précisément. Elle y confiait ses pensées, ses envies, ce qui lui arrivait. Pas grand chose aux peu de sorties qu'elle pouvait faire. C'est à dire aucune. Ainsi, à la veille de ses dix-huit ans, une valise s'écrasa sur son lit, se gavant rapidement de ses plus belles étoffes. Elle brava le froid afin de rejoindre la gare, les parents en larmes, surtout la génitrice...

Ne pensez pas qu'elle s'est enfuie. Non. Alison prit juste la résolution de vivre seule, dans cette ville dont elle entend souvent parler, Everstown et d'y étudier. Car cette faim de liberté la rongeait et c'est au chantage que ses parents acceptèrent. Ce fut bien méprisant, comme acte mais tellement mieux ainsi. La rousse d'un mètre soixante-cinq glissa ses affaires dans ses filets, se laissant choir sur la banquette du train. Ses iris bleus les observaient, certaine d'une existence meilleure. Là-bas, au moins, il y aurait moins de fous comme eux, du moins, elle l'espérait.

---

Lorsqu'elle se lève, le matin, Alison est de mauvaise humeur, généralement. Nous avons conclu que c'était l'insomnie qui en est la cause. Elle en souffre depuis des années, nourrie par la peur de bruits et de présences, remercions ses parents si peureux. Elle fait toujours tout dans le même ordre. Manger, coiffer, habiller, maquiller. Jamais encore elle n'avait modifier ce rituel journalier. L'organisation est pour elle ce que respirer est pour l'humain. Le désordre la fait grogner, l'incrédulité de même. Par contre, les jeux la propulsent dans un univers rempli de possibilités. Bluff, vérité, foncer droit ou attendre à point. Tout cela mérite un réel intérêt. Ainsi, la prudence est de mise, pour cette jeune fille née d'une famille peu courageuse. La politesse, aussi. Nous sommes humains. Même pour les créatures, les principes fondamentaux de la société leur sont applicables, selon elle. Si nous agissions tous selon nos désirs, le capharnaüm serait présent et elle hait, les capharnaüms... Faites attention, sa chevelure rousse pourrait en devenir flamboyante.